Temps passés à visionner « Paulo front Tokyo » : 3 à 4 heures
Temps passés en rédaction et recherches diverses : 3 heures
Nombre de cafés bus durant la rédaction de cet article : 2
Thèmes pros abordés : pratiques managériales inspirantes
Thèmes Lifestyle abordés : YT, Travailler au Japon
On a testé pour vous : « 5 pratiques managériales japonaises »
A l’approche de l’été, je m’étais donné deux sujets d’attention sur lesquels je voulais progresser avant de partir en congés : « obtenir la certification PSM chez SCRUM.org » et « mettre un peu d’antirouille sur mon anglais ».
Le premier objectif est atteint et c’est dans les articles « Pourquoi est-ce que je suis contre les certifications et en passe pourtant ? » et « On a testé pour vous : « obtenir sa certification PSM chez Scrum.org » que j’en parle pour vous livrer le récit de l’expérience ainsi que quelques (bons j’espère) conseils et autres trucs et astuces.
Day in life of …
Retrouver un niveau « fluent » en anglais est un peu plus long que de préparer une certification et ma pratique consiste principalement à suivre des chaînes YT dans la langue de Shakespeare. C’est ainsi que j’ai fini par m’abonner à la chaîne « Paulo from TOKYO »
- Statistiques : 1, 37 Millions d’abonnés, moi-inclus, pour un total de 137 millions de vues.
- Positionnement : Lifestyle, Travel Guide
- Ce que j’ai apprécié : la voix agréable, une personnalité qui ne semble pas l’être moins, un transcript de qualité.
- Le type de vidéos que j’y préfère : les vidéos d’immersion dans les entreprises japonaises.
- Quelques vidéos à voir : « Day in life Japanese Casino Worker », « Day in life Japanese Manga Creator » et « Day in life Japanese Delivery Worker ».
Les vidéos sont faites sous la forme de tranches de vie (« Slices of life ») débutant au réveil et s’achevant tard le soir à l’issue de la journée de travail généralement éreintante. Il n’y a pas de focus particuliers sur l’organisation du travail ou les pratiques managériales mais j’y ai noté quelques petites choses surprenantes pouvant, je l’espère, vous intéresser et enrichir votre propre quotidien professionnel.
Chōnaikai
(association de quartier)
Les Chōnaikai s’apparentent à ce que nous connaissons comme étant des associations de quartiers avec toutefois un ancrage dans la vie publique beaucoup plus engageant que ce que nous connaissons en Europe. Les missions que se donnent les Chōnaikai ne se limitent pas à des interactions avec la Mairie mais prennent des aspects très terrain : surveillance du territoire, activités culturelles, réseaux d’entraides (personnes âgées ou isolées), rappel des consignes de sécurité en cas d’incidents graves (tremblements de terre, typhons, incendies, etc.), auxquels cas les membres du Chōnaikai peuvent même s’impliquer en tant que forces supplétives dans l’organisation des secours. Ces associations de quartiers apportent une cohésion de fait aux habitants, lesquels confient généralement le soin à leurs délégués de les représenter auprès des autorités locales. Faire partie d’un Chōnaikai c’est adhérer à une communauté d’intérêts, un collectif partageant les mêmes valeurs. Refuser d’y participer est alors considéré comme un rejet affiché des valeurs de la communauté ; à partir de là, l’ostracisme n’est malheureusement plus très loin.
« A quoi pourrait bien ressembler un Chōnaikai en entreprise ? Moi j’en ai bien quelques idées, et vous ? »
Douki
(Cohorte de collaborateurs)
Je n’ai pas trouvé de terme plus adapté pour l’instant que « Cohorte », en d’autres termes un groupe de gens que l’on peut suivre ensemble dans la durée et de manière homogène car étant arrivés en même temps dans l’entreprise. Faire partie d’un Douki c’est être associé aux autres employés qui ont rejoint les rangs de l’entreprise le même trimestre ou la même année que vous (ou une université, une association ou un club de sport). Le Douki se réunit fréquemment, fait des sorties ensemble, mène des projets collectivement.
Le Douki devient finalement votre réseau transverse dans l’entreprise, il dépasse votre réseau organique (les gens de votre service, de votre entité) ou d’une tribu (communautés d’intérêts ou de pratiques) en vous créant, un peu artificiellement certes, un réseau de contacts issus de l’ensemble des services de l’entreprise.
« Et vous, aimeriez-vous être intégré à un Douki ? Avez-vous parfois du mal à trouver l’interlocuteur qui pourrait résoudre un problème que vous rencontrez ? Votre Douki pourrait-il vous aider à trouver la réponse à vos questions ? »
Source : « Day in the Life of a Japanese Game Programmer – 4 min 40 »
Chorei
(Stand-up meeting d'entreprise)
Vous avez certainement déjà vu des exemples de Chorei dans des reportages sur le Japon : un « stand-up meeting » d’une dizaine de minutes environ où le dirigeant, les managers ou chefs d’équipe rassemblent leurs équipes afin que tous aient le même niveau d’information sur la stratégie de l’entreprise. Pratiquer le Chorei, c’est se donner l’occasion de rappeler à tous les priorités de l’entreprise, partager les valeurs, demander aux équipes de se coordonner sur des projets particulièrement importants ou de prendre en compte une situation nouvelle. C’est aussi un exercice de cohésion et de motivation. Le Chorei est par ailleurs une forme de routine matinale lançant de manière officielle la journée, un partage de positivisme et un moyen de renforcer le sentiment d’appartenance aux équipes.
« Vous vous demandez si mettre en place une forme de Chorei peut être une pratique bénéfique dans votre contexte ? »
Source : « Day in the Life of a Typical Japanese Office Worker in Tokyo – 4 min 40 »
Pour un add-on particulièrement énergique vous pouvez pratiquer le Koedashi dont vous pourrez visionner un exemple dans la vidéo « Day in life Japanese Casino Worker – 6 min 05 ».
Rensai
(faire de quelque chose une série)
Ne-Mu
(prototyper, brouillonner)
Genko
(version encrée du brouillon, prête à être confiée à l’éditeur)
Vous vous demandiez si le rythme de production de vos travaux devait se faire au pas du trimestre ou du mois ? Si les sprints de vos projets informatiques devaient durer deux ou trois semaines ? Bienvenue dans le monde des dessinateurs de manga japonais où le rythme est d'une publication par semaine et où chaque journée donne lieu à un aller-retour entre le studio de création et l’éditeur pour en compte telle ou telle modification.
Le Rensai c’est l’action de « faire de quelque chose une série », ici c’est publier une histoire nouvelle chaque semaine. Avant de pouvoir soumettre cette histoire au lecteur, encore faut-il que l'éditeur la juge publiable. Il demande des corrections que le studio doit prendre en compte au pas de la journée en fournissant quotidiennement des Ne-Mu, des brouillons que l’éditeur corrige petit à petit. Une fois ces versions intermédiaires validées, le travail d’encrage, consistant à ne conserver que les lignes définitives des dessins, peut être réalisé. Cette version définitive ou presque, le Genko, devient alors la version presque définitive prête à être envoyée sous presse.
Travailler en « mode Rensai » est signe de succès pour le studio, tant que les lecteurs suivent, ils devront soutenir ce rythme de travail indéfiniment.
Source : « Day in the Life of a Japanese Manga Creator – 2 min 30 »
Sensei
(Professeur)
Senpai et Kouhai
(Senior) et (Junior)
Si le terme Sensei évoque immédiatement l’enseignant, il devient un titre reconnaissant les longues années d’apprentissage qu’il aura fallu à un praticien pour acquérir le statut d’expert dans son domaine. Tous les métiers ne peuvent espérer obtenir l’ajout du suffixe « -sensei » à leur statut professionnel. Parmi ces derniers l’on peut citer des postes à la fois prestigieux et rigoureux en termes d’acquisition de compétences comme docteur, avocat ou juge, gouverneurs ou encore, comme c’est le cas dans « Day in the Life of a Japanese Manga Creator », la profession de manga-ka (dessinateur de manga).
Source : « Day in the Life of a Japanese Manga Creator – 7 min 05 »
Senpai et Kouhai vous donnent une indication de la séniorité des collaborateurs dans le poste. Senpai et Kouhai vont de pair, l’on est le Senpai d’un Kouhai, le Kouhai d’un Senpai. Le premier prodigue ses conseils et délivre son expérience à son Kouhai. Le second démontre une attention particulière aux positions de son Senpai. Là encore, cette notion propose au moins deux axes de lecture. De prime abord la relation permet d’améliorer le transfert d’expérience entre les anciens et les plus récemment arrivés dans la structure mais elle permet encore de renforcer le sentiment d’appartenance à l’entreprise en tissant des liens entre les employés. Tout comme le Chorei et le Douki que vous connaissez déjà, l’entreprise japonaise multiplie les occasions données à ses membres de se lier les uns aux autres. Ainsi, que diriez-vous de participer une fête de fin ou de début d’année avec vous collègues ? (Bonenkai et Shinnenkai) Ou de partir en voyage d’entreprise pour faire un peu de team building ? (Shain ryokou).
A noter que les positions de Senpai et de Kouhai ne se limitent pas à la vie professionnelle mais animent toutes situations de la vie courante.
Source : « Day in the Life of a Typical Japanese Office Worker in Tokyo – 8 min 55 »
And much much more...
Il y a bien entendu tout un tas d’autres choses surprenantes dans ces quelques vidéos, que je vous soumets sous la forme de questions. Saurez-vous les retrouver ?
- Utilise-t-on Scrum au japon ? Si oui, l’utilise-t-on « by the book » ?
- A qui doit-on donner une boule de Pachinko trouvée à terre ?
- Quelle devise incarne la notion de client au Japon ?
- Qui s’occupe des moyens généraux au sein de l’entreprise ?
- Qu’est-ce que l’omiyage ?
- Que doit-il se passer sur le bureau d’un employé tous les soirs ?
Plusieurs des pratiques décrites me paraissent transposables dans nos contextes de travail. Peut-être pas en l’état, probablement pas au même moment. Délivrer du sens (Chorei), tisser des liens forts entre les membres de l’équipe (Douki, Senpai, Kouhai, etc.) tout en accompagnant le transfert d’expérience sont des stratégies efficaces dans l’établissement d’une « organisation apprenante » ou dans la mise en œuvre d’une « culture du partage ».
Vous souhaitez en savoir plus sur la manière de mettre en œuvre ces pratiques au sein de votre organisation, n’hésitez pas à nous contacter !