« Quand ceux qui rêvent l'IA croisent ceux qui la réalisent »
Comment présenter Enki Bilal autrement que par la Trilogie Nikopol : « La foire aux immortels », « La femme piège » et « Froid équateur ». Versant principalement au patrimoine de l’imaginaire des œuvres de science-fiction, décrire l’œuvre d’Enki Bilal mériterait un article complet pour espérer circonstancier ses thèmes de prédilection et son style si particulier. Les salles des ventes se l’arrachent – un original comme « La folle du Roi » s’est négocié à hauteur de 175 000 euros – et ses illustrations trustent le haut du podium des meilleurs vendeurs de posters.

Yann Lecun est actuellement l’un des chercheurs les plus « bankable » de la planète ; ni plus, ni moins. Son titre de « scientifique en chef » en charge des avancées sur l’intelligence artificielle chez Facebook le positionne à la fois à l’avant-garde du sujet et au top du cycle du Hype. Mais ne vous y trompez pas, Lecun n’est pas un gourou de l’IA ou un marketeur de l’algorithme. C’est sans détours qu’il aborde ses années de traversées du désert, lorsque les capacités informatiques et données disponibles étaient incapables de rendre accessible ce que son domaine de recherche pressentait. Sa vision pragmatique et sans ambages nous assure de savoir où en sont réellement les avancées de l’IA.
Débat organisé au studio 104 de Radio France.
MEILLEURES PUNCHLINES ET POINTS CLES
(Timeline) 08:00, Enki Bilal : « Par rapport à l’énorme bond qui est franchi par la science, l’homme est resté quasiment le même : il est resté barbare par exemple. »
09:00, Yann Lecun : « Trois questions scientifiques qui résument la science d’une certaine manière : comment fonctionne l’univers, qu’est-ce que la vie et comment fonctionne le cerveau. Ce sont les trois mystères scientifiques d’aujourd’hui »
09:30, Yann Lecun : « En se raccrochant à une citation du physicien Richard Feynman : on ne comprend pas vraiment quelque chose tant qu’on ne l’a pas fabriqué soi-même. C’est un petit peu l’idée de l’intelligence artificielle que de comprendre la nature humaine et le cerveau en construisant une machine intelligente »
13:50, Yann Lecun : « Va-t-on être capable de construire des machines d’intelligence générale qui sont supérieures à l’humain dans tous les domaines. Ce n’est pas pour demain. On n’a pas de technologie pour cela. On n’a pas les concepts. On n’a pas les mathématiques. Il nous manque plein de choses »
14:40, Yann Lecun : « Une bonne image de l’intelligence artificielle, si on la projette quelques années dans le futur, est le personne C6PO, qui est un petit peu stupide quand même mais qui parle six millions de langues »
Yann Lecun commente par la suite son « clash » avec les concepteurs de « Sophia », une intelligence artificielle créée par la société Hanson Robotics. Plus qu’un turc mécanique, c’est une mystification que dénonce le patron de la recherche en IA de FacebooK.
26:05, Yann Lecun : « Ce que je déteste au plus haut point, c’est quand on essaie de tromper le public en leur montrant des choses qui ne sont pas vraies. C’est en l’occurrence un tour de prestidigitation, une représentation de marionnette, mais ce n’est pas de l’intelligence artificielle. Le robot Sophia est un robot très bien fait mais c’est un animatronique comme on en trouve partout, comme à Disney par exemple. Ce qui est important là-dedans c’est qu’il n’y a pas d’intelligence dans ces robots. Les interactions que l’on voit avec les journalistes sont intégralement préparées à l’avance, les réponses sont tapées à l’avance, les questions aussi, c’est entièrement scripté. Il n’y a pas d’intelligence derrière mais tout est fait, mis en scène, pour faire croire que cette machine est intelligente ».
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